Publié le par Hélène R. dans les rubriques Amour, Dérivations existentielles, Poésie, Prose

D r E v e A M

Je veux partir, loin d’ici, loin de tout, proche du reste. Je veux m’évader, compter les étoiles dans le ciel, rouler dans la fraîcheur de l’herbe, entendre la chanson du vent, enterrer mes pieds dans le sable, admirer le soleil sans détourner le regard, écouter le crissement de l’écume passant sur les galets froids, caresser l’écorce d’un vieil arbre fatigué, courir dans l’infini, pleurer de la beauté et rire du temps perdu. Oui je veux m’en aller, mon futur est tracé sur une route inconnue, qui ne se terminera jamais. Une route indécise, qui prendra les virages les plus risqués, qui dévalera les pentes aussi vite que mon pouls, qui se jettera du haut de chaque falaise, qui s’endormira la nuit les yeux rivés sur la Lune. Ressentir la liberté, qu’elle parcoure mon corps, qu’elle chatouille mes envies. Enlacer la liberté, la serrer jusqu’à m’étouffer. Embrasser la liberté, l’aimer à la folie, la laisser m’emprisonner. Je veux m’envoler, survoler le Paris et lui adresser un adieu empli de fierté, le saluer tel un amant que je quitte pour rencontrer le monde. Le nouveau monde. Celui qui illustre mes rêves, celui qui réalise mes projets. Je veux m’attarder sur chaque détail, sur chaque imperfection, je veux m’évanouir dans un champ de coquelicots et entendre bourdonner les abeilles, là au creux de mon oreille. Les entendre me souffler les bavardages du silence, tous ces sons qui émerveillent, tous ces sons inattendus, ce concert improvisé jouant une douce mélodie. Oui je veux m’échapper, nouer un drap à ma fenêtre, sentir mes doigts glisser lentement et frissonner, courir pieds nus dans la neige, pour ne plus avoir mal et tous les soirs lancer une prière, à n’importe qui, à tous mes amis, à tous mes ennemis, aux inconnus, aux personnalités, une prière d’espoir, une annonce importante : tout est possible. Je veux quitter le luxe et respirer pour vivre, danser sur un nouveau rythme, plus lent, plus malléable, danser une valse, un tango, une polka, n’importe quoi. Peindre le ciel de mes mouvements, peindre le sol en avançant. Tourner, mélanger mes idées, je veux simplement être transportée, être guidée par les conseils de la pluie et me noyer dans la senteur des fleurs. Malgré la magnificence du cri aigu du violon, ou de l’appréciable plainte de l’accordéon, il n’y a pas plus belle musique que celle du vent qui vous chuchote à l’oreille « tu es libre.»