Publié le par Hélène R. dans les rubriques Dérivations existentielles, Mémoire du corps, Prose
On a le droit d’être heureux !
On a peur de rien lorsqu’on est un enfant, à part du noir, des mauvaises notes à l’école et de la réaction des parents, des animaux effrayants, parfois des vampires, sorcières, fantômes, et autres monstres malicieux, d’autres fois des piqûres, des médecins et arracheurs de dents ; et souvent de la solitude et du manque d’attention. Maman j’ai mal, regarde-moi ; je peux aller dans la poussette ? ; Il est où mon doudou ? On peut tomber mais toujours on se relève, impressionné par la couleur du sang, rouge vif, épais, si fascinant et proche d’être appétissant. On a du bleu, du vert, du violet et du jaune sur les genoux et les coudes, des dents en moins et les ongles toujours sales, mais qui cela importe ? Les enfants sont des aventuriers, des pirates, des grands magiciens, ils n’ont pas peur de s’exprimer, de hurler leur colère au monde entier ou de le satisfaire de leur rire édenté ; les enfants n’ont pas d’âge, ils ne connaissent pas encore ces choses-là, les maux tels que vieillir, aigri, désillusion. On est naïf lorsqu’on est un enfant, on admire ses parents comme s’ils n’étaient que modèles de vérités tout le temps, on regarde la télévision bien sagement, on écoute ses professeurs sans trop broncher, et on s’oublie peu à peu… Il n’y a rien de plus triste dans tout l’univers qu’un enfant qui meurt, un tout petit enfant perdant sa jeunesse à jamais parce qu’il a vu, parce qu’il a entendu que là-dehors il fait si froid ; les chasseurs sont partout, ils ne se cachent même plus pour te briser les jambes, en fait tu ne cours pas non plus, tu es trop fatigué je sais. Un enfant c’est un ange de pureté qui devrait être notre inspiration à nous tous les cyniques, ceux qui cherchent à comprendre mais ne comprennent que trop peu, ceux qui boivent et qui baisent leur prochain sans penser à l’aimer, ceux qui assassinent les enfants. Vous êtes des tueurs d’enfants, c’est à cause de vous qu’ils perdent leurs rêves et leurs amis, qu’ils se haïssent entre eux, c’est à cause de vous et de vos jugements incessants qu’ils auront peur d’être amoureux, qu’ils pleureront sans cesse face à la cruauté et aux désirs violents qui viendront bientôt les habiter. Vous gens qui violez, qui massacrez le monde, qui vous agenouillez face à l’autorité et qui vous en plaignez. Taisez-vous pour une fois et laissez-les parler, ils veulent le beau, la joie, ils veulent les couleurs, la musique et l’air frais. Les enfants n’ont pas peur de mourir, c’est vous. C’est laid un enfant qui grandit, ça s’amochit à vue d’œil et ça devient méchant comme les autres, comme les grands, ça prend conscience de sa propre souffrance et ça entraîne son entourage dans une spirale malsaine, ça devient égoïste sous les bons vieux prétextes de la déception et du regard des autres. Je veux plaire à tout prix ; Pourquoi vous ne m’aimez pas ? Aimez-moi ; Pourquoi tu me regardes différemment maintenant ? Il y a comme un poids qui alourdit notre corps et nous empêche de bouger, et un autre ou le même qui oppresse notre esprit et le fait réfléchir à nos rêves que nous rêvions seulement avant. Il n’y a pas de mal à rester un enfant ignorant face aux plaisirs douloureux, sexe, drogues, argent, mensonges, popularité ; il n’y a pas de mal à vouloir être nous sans avoir à s’en justifier.